Comme toute politique publique en France, l’instauration, le 31 mai 2021, du pass sanitaire et la possibilité de se faire vacciner pour l’obtenir, a fait l’objet d’un grand débat dès sa mise en place.

Ce débat entre Français est devenu un désaccord lorsque le principe de l’obligation de présenter un pass sanitaire originellement limité aux grands événements, s’est étendu à compter du 5 août 2021 à de nombreux lieux publics.

Il s’est transformé en discorde lorsqu’il a été décidé de prolonger le pass sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022.

Il a évolué en conflit lorsqu’il est devenu clair que la lutte contre le covid passait dorénavant uniquement par la stratégie de vaccination de masse et non plus par la pratique des gestes barrières et des dépistages, devenus payant pour les non vaccinés puis invalides après 24h.

La volonté de faire évoluer le pass sanitaire en pass vaccinal va enfin le faire muter en confrontation à l’échelle du pays.

Parallèlement à ces mesures se développe jour après jour un fantasme visant à rendre les personnes non vaccinées responsable de tous nos maux, fantasme d’autant plus dangereux qu’il est alimenté par des discours officiels.

Ce qui était une option de gestion de la crise sanitaire est ainsi devenu un remède pire que le mal car les mesures d’exclusion des réfractaires à la vaccination fracturent comme jamais auparavant la société française :

-       Elles perpétuent la peur et la méfiance généralisée entre chaque individu.

-       Elles font exploser les couples, séparent les familles, détruisent les amitiés, empoisonnent et ternissent sur le long terme toutes relations humaines.

-       Elles isolent des êtres humains qui constatent qu’une majorité d’hommes politiques et de médecins, malgré leurs précautions rhétoriques, sont tentés de punir leur obstination en les abandonnant face à la mort elle-même.

-       Elles réduisent le non vacciné à une nouvelle catégorie d’être infra humain « complotiste antivax », sans un regard pour l’histoire du XXème siècle ayant pourtant démontré tous les bienfaits des processus de déshumanisation.

-       Elles recréent le terreau sur lesquelles se sont produites toutes les catastrophes sociales en fournissant à une population majoritaire, rendue aveugle par la peur, un bouc émissaire tout trouvé.

-       Elles libèrent un degré de haine effrayante conduisant des personnes ayant lu Rousseau, Hannah Arendt ou Primo Lévi à déclarer sérieusement qu’il faudrait abattre les non vaccinés.

-       Elles font basculer la République dans une spirale de violence entre les jusqu’au-boutistes des deux camps, chacun s’estimant menacé par l’autre.

-       Elles substituent à une préoccupation légitime de protection de la population, une logique de primauté absolue d’un discours sur un autre qui finit par perdre de vue l’objectif premier de sauver des vies.

-       Elles désespèrent durablement des millions de Français vaccinés ou non qui jamais n’auraient cru qu’il était possible de vivre dans ces conditions dans le pays des droits de l’Homme.

-       Elles génèrent un niveau de défiance jamais atteint envers des institutions aussi prestigieuses que l’Assemblée nationale, le Conseil d’Etat ou le Conseil constitutionnel extrêmement dangereuse dans un régime démocratique.

Indépendamment de notre statut vaccinal, nous dressons le constat que l’instauration durable de pratiques consistant à exclure certains citoyens de la sphère publique en raison de leur état de santé et de les rendre responsables de la crise actuelle porte en soi les germes d’une fracture nationale bien plus grave et durable que la propagation du Covid 19.

Pour ces raisons, nous demandons à nos députés d’abolir les distinctions créées par la loi entre non vaccinés et vaccinés afin d’apaiser le débat public avant qu’il ne soit vraiment trop tard et que la haine ait définitivement pris le pas sur la fraternité.