Collectif soignant contre la mort provoquée considérée comme un soin, pour de justes soins pour tous jusqu'au bout

Destinataire(s) : professionnels de santé et de l'aide, accompagnants bénévoles de personnes en fin de vie
Collectif soignant contre la mort provoquée considérée comme un soin, pour de justes soins pour tous jusqu'au bout

VIVANTS et DIGNES

Collectif soignant

contre la mort provoquée considérée comme un soin

pour de justes soins pour tous jusqu'au bout



Nous, professionnels de santé et de l’aide et accompagnants bénévoles,

voulons continuer à mieux accompagner, soulager

et refusons de donner la mort


Nous, soignants, sommes convaincus que donner la mort n’est pas un soin.

Le vrai progrès éthique « à la française », est consacré par les trois lois relatives à la fin de vie, dont celle du 2 février 2016. Il tente de répondre aux véritables besoins et attentes des patients : être écoutés et entendus, être confortés dans son autonomie, être soulagés, être accompagnés et ne jamais être abandonnés.

Si la loi Claeys-Léonetti pouvait être mise en œuvre partout, elle permettrait d’assurer aux Français et aux Françaises la fin de vie à laquelle ils ont droit. Le vrai scandale éthique, politique et sanitaire est là : pourquoi la loi n’est-elle pas appliquée en France ? Pourquoi 500 personnes (chiffre de la Cour de comptes) meurent-elles tous les jours sans avoir eu accès aux soins palliatifs dont elles avaient besoin ?


Nous, soignants, pensons que la dignité de l’homme est inconditionnelle et avons choisi ces métiers pour soutenir le désir de vie et la santé des personnes fragilisées par la maladie, le grand âge ou le handicap. La « volonté de mourir » nous semble, dans la grande majorité des cas, une demande de « vivre autrement » et de ne pas souffrir. Seul l’engagement indéfectible des soignants et aidants peut permettre à la personne de trouver en elle de nouvelles ressources et raisons de vivre.

Cette mission nécessite que nous soyons formés et que nous disposions de moyens humains et financiers suffisants. Comment le consentement à une mort assistée pourrait être « libre » s’il n’y pas d’alternative pour soulager les inconforts physiques et les détresses psychologiques ? Où serait la liberté ? Où serait l’égalité ?


Nous, soignants, pensons que le changement de cadre déontologique qu’apporterait cette loi, fragilisera encore davantage les professionnels. Qu’en sera-t-il de la continuité et de la cohérence des soins dans une même équipe où les membres ne partageront pas le même avis sur ces pratiques de l’euthanasie ? Une clause de conscience pourra-t-elle alors vraiment s’exercer ?

Nous pensons aussi que cette autorisation nouvelle de donner la mort conduirait inévitablement vers des dérives de « mettre la main » sur l’autre, d’abuser de sa situation de fragilité et de disposer de sa vie.


Nous, soignants, sommes également inquiets de l’impact de cette loi sur la confiance entre les patients et les soignants si le corps médical était autorisé à supprimer la vie.

Cette illusion qu’une réalité complexe serait résolue par un droit nouveau ne risque-t-elle pas au contraire de renforcer la peur du temps du mourir et du moment de la mort ?

Notre premier travail est d’entendre, de respecter et de légitimer la plainte qui conduit à la demande de mort anticipée. Elle est toujours l’expression d’une souffrance globale et complexe qui mérite attention et considération. Seuls l’engagement de non-abandon, la confiance et la relation humaine peuvent ouvrir de nouvelles perspectives de vie et de projets, si ténus soient-ils. Nous réaffirmons une éthique du soin qui vise l’humanisation de l’autre et la nôtre.


Nous, soignants, pensons que le temps du mourir n’est pas une question purement individuelle.

Les sociétés humaines se sont organisées à partir d’un rapport collectif aux questions de mort et de vulnérabilités.

La volonté de limiter les indications aux adultes ayant un pronostic vital engagé à court ou moyen terme est illusoire. Comment pourra-t-on « tester la solidité de la détermination » d’une personne particulièrement vulnérable dans « un minimum de deux jours » ? Peut-on vraiment considérer cette condition comme « stricte » et suffisante ?

La transgression d’un interdit fondamental, ici celui d’interrompre la vie humaine, ouvre toujours la porte à une extension sans limite des indications (dépression, troubles cognitifs, « fatigue de vivre » liée au grand âge, extension aux mineurs…). Ces dérives dangereuses et inacceptables paraissent déjà se banaliser dans les pays voisins ayant autorisé l’euthanasie ou le suicide assisté. Pourquoi la France y échapperait-elle ?

Par ailleurs, comment pourrait-on à l’avenir continuer à promouvoir une politique de prévention du suicide en France tout en légitimant et autorisant le suicide dans certaines situations ?

Le pouvoir de donner la mort sera-t-il vraiment un progrès du « vivre en société » ?


Nous, soignants, voulons rappeler aussi avec force que la loi actuelle protège la société. Elle a une fonction de rempart des soignants et proches vis-à-vis de la tentation de passage à l’acte, tant certaines situations difficiles peuvent renvoyer l’image d’échec thérapeutique. Comment imaginer par ailleurs qu’une « personne volontaire », même désignée par celle qui fait la demande (un proche ? un militant associatif ?), puisse administrer la substance létale ? Peut-on imaginer la charge morale et la culpabilité qui pèseront sur le « volontaire » qui accomplit l’acte ? Qui pourra garantir par ailleurs que cet acte sera toujours désintéressé ?


Mourir restera toujours une épreuve. Ce n’est pas l’illusion de maîtriser sa mort qui permettra d’en adoucir la réalité mais plutôt la solidarité effective vécue avec ses proches et les professionnels, qui en cela fait société. Parce que la fin de vie peut nous terrifier, nous avons besoin de nous appuyer sur une vision collective soutenante.


Nous, professionnels de l’aide et du soin, demandons avant tout la capacité d’agir pour soutenir et accompagner les plus vulnérables de manière effective.

Ainsi, nous proposons et demandons la mise en œuvre rapide et concrète des propositions contenues dans le rapport, « Vers un modèle français des soins d’accompagnement », remis en novembre 2023 au gouvernement. En particulier :

  • Permettre une accessibilité à des soins palliatifs de qualité sur l’ensemble du territoire,
  • Développer des compétences et des ressources spécifiques de soins palliatifs et d’accompagnement de la fin de vie ; la formation initiale et continue de tous les soignants,
  • Créer et mettre en œuvre un plan personnalisé d'accompagnement permettant d'accompagner les personnes dans l'exercice de leurs droits,
  • Créer une centaine de maisons d'accompagnement, offrant une alternative d’accueil et de soins au domicile ou à l’hôpital et une ambitieuse politique de soutien et d’accompagnement des personnes atteintes de pathologies chroniques invalidantes,
  • Développer le bénévolat d’accompagnement et le bénévolat de service
  • Développer l’éducation à la santé, à la citoyenneté et aux solidarités pour renforcer l’implication citoyenne et des collectivités dans la fin de vie.


En conclusion, nous soignants ne pouvons pas accepter d’être associés à la mort provoquée et encore moins de nommer ce projet « loi de fraternité », tel que le Président de la République l’a fait le 10 mars 2024. Cette loi « maximaliste » qui autorise ce qu’aucun autre pays n’a fait jusqu’à présent risque de diviser les familles et d’entraîner une rupture profonde dans l’éthique de l’engagement soignant. Nous dénonçons fermement une tromperie sur le vocabulaire employé (ambiguïté de l’expression « aide à mourir ») et sur la méthode (les représentants des soignants n’ont pas jamais été consultés sur le contenu du texte).


Nous demandons la mise en œuvre effective des soins palliatifs et d’accompagnement partout et pour tous par des mesures fermes, précises (bien au-delà du faible budget évoqué jusqu’à présent) et dans la durée et qu’elle soit un préalable à toute autre évolution de la loi concernant la fin de vie.

Patrie des droits de la personne humaine, la France doit valoriser encore davantage le respect inconditionnel de la dignité ontologique de chaque personne, renforcer la protection de sa vulnérabilité et soutenir les professionnels et les bénévoles qui œuvrent en ce sens.


Nous invitons les professionnels à faire valoir leur conception du soin et de l’accompagnement, ainsi que leur souhait d’un vrai engagement politique de développement des soins d’accompagnement auprès des parlementaires de leur département.

Auteur : Collectif soignant Vivants et Dignes

<% $t("Number of signatures:") %>

En signant la pétition j'accepte que Les Lignes Bougent traite mes données à des fins de gestion des signatures et des commentaires. J’accepte également d’être informé(e) des actions citoyennes initiées via Les Lignes Bougent. Pour en savoir plus sur ces traitements et sur mes droits, je consulte la politique de confidentialité. Tout commentaire doit respecter la charte des contenus de la communauté LLB. Lire la charte.
<% $t("Hour") %> <% $t("Postal Code") %> Nom
<% signature.lapse %> <% signature.details.postalCode %> <% signature.details.name %> <%signature.details.surname %>

Commentaires