Mise à jour - 01/03/2023
Enfin une bonne nouvelle qui redonne de l’espoir : le 15 février dernier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a lancé la procédure de retrait du marché du S-métolachlore.a
Autorisé il y a presque 20 ans, ce pesticide est l’un des plus utilisés en France à ce jour.
Les agriculteurs conventionnels s’en servent en grande partie sur les cultures de maïs, mais aussi sur les pois ou les haricots.
Il leur permet de tuer les adventices, pourtant indispensables à la survie des auxiliaires.
Pire encore, la molécule du S-métolachlore se dégrade en métabolites qui se retrouvent dans nos nappes phréatiques où ils perdurent pendant de nombreuses années.b
C’est justement ce dernier point qui a amené l’Anses à prendre une décision rare en demandant le retrait de cet herbicide.
Nous saluons cette décision mais il est inutile de se faire des illusions.
Tant que le glyphosate reste autorisé, la partie est encore loin d’être finie pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement.
Pour l’instant, le glyphosate bénéficie d’une « liberté provisoire » prolongée jusqu’au 15 décembre 2023 en Europe.c
Autrement dit, les gouvernements de toute l’Union Européenne vont devoir prendre une décision cette année.
À ce stade, TOUT est encore possible, y compris une prolongation de l’autorisation qui serait désastreuse pour l’environnement...
Mais les récentes prises de position contre les néonicotinoïdes et le S-métolachlore en France nous laissent entendre que nos voix sont ENFIN entendues par les autorités !d
Voilà pourquoi, plus que jamais, il est important de se mobiliser et de lutter ensemble pour protéger les insectes, les plantes sauvages, les sols… Bref, notre planète !
Les choses bougent enfin : agissons ensemble pour l’interdiction du glyphosate !
On nous avait promis son interdiction d’ici fin 2020 en France1. Et la fin de son autorisation provisoire en Europe en décembre 20222.
Pourtant, cette année encore, les parcelles agricoles de toute l’Union européenne seront aspergées de glyphosate, désherbant tristement célèbre pour sa toxicité sur l’environnement3.
La raison officielle ? Nos représentants n’auraient pas suffisamment d’informations pour prendre une décision.
Ils attendraient un rapport sur l’évaluation des risques du glyphosate sur notre santé4.
Comme si nous n’en savions pas déjà largement assez pour agir !
Le glyphosate détruit nos écosystèmes… Et les cultures qu’il est censé protéger !
Après plus de 50 ans d’études scientifiques, la dangerosité et la toxicité du glyphosate n’est un secret pour personne.
Même le Centre international de recherche sur le cancer classe le glyphosate comme « cancérogène » chez les animaux et « probablement cancérogène » chez les humains depuis 20155.
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Emmanuel Macron nous avait promis, en 2017, une sortie du glyphosate sous 3 ans6.
C’était il y a 5 ans et rien n’a bougé !
On nous parle de manque de solutions alternatives, on nous assure que les producteurs seraient en difficulté, qu’un arrêt du glyphosate n’est pas aussi simple à mettre en place que cela…
Selon moi, les choses sont très simples, au contraire.
Plutôt que d’agir pour le bien de notre santé, ils nous font perdre notre temps dans des débats stériles.
Et surtout, ils affichent un mépris total pour la santé de nos écosystèmes pour lesquels chaque minute compte !
Pendant qu’ils hésitent, les effets toxiques du glyphosate se font de plus en plus importants :
- Sur la flore : le glyphosate fait partie des substances mises en cause dans la disparition de la flore sauvage dans nos zones cultivées.
Ces plantes sont pourtant indispensables pour la survie de nombreuses espèces d’insectes, y compris pour les pollinisateurs dont nous avons besoin pour nos cultures7. - Sur la faune : les études de toxicité ont démontré que le glyphosate avait un effet négatif sur la fertilité des rats, sur les hormones thyroïdiennes des grenouilles, et même, qu’il pouvait provoquer des lésions du foie et des reins chez certaines espèces de poissons !
Et ça ne s’arrête pas là ! Mortalités anormales, pathologies inhabituelles, baisse de la natalité8… Difficile d’imaginer qu’une substance aussi néfaste pour toutes les espèces animales soit inoffensive pour l’homme ! - Sur notre milieu : on a retrouvé du glyphosate absolument partout. L’air9, l’eau et les sols, même non traités, contiennent des traces de glyphosate10. Le désherbant ne serait donc pas aussi facilement dégradé qu’on voudrait nous le faire croire !
Plus grave encore, en raison de sa présence dans le sol, le glyphosate affecterait les plantes cultivées, pourtant non ciblées par le traitement11.
Celles-ci auraient ainsi du mal à absorber les nutriments présents dans le sol, seraient moins résistantes aux maladies et donc… Nécessiteraient l’usage d’encore plus de pesticides et d’engrais chimiques12 !
Le glyphosate ne serait donc même pas « rentable » comme on le prétend souvent ! Au contraire, il obligerait les agriculteurs à mobiliser encore plus de moyens pour cultiver !
La puissance des lobbies, la faiblesse de nos représentants
Le manque de fermeté de nos décisionnaires politiques est d’autant plus incompréhensible lorsqu’on réalise que le glyphosate ne profite même pas à nos cultures !
L’heure n’est plus aux suspicions et aux études : nous connaissons clairement les risques pour les espèces animales et végétales exposées au glyphosate !
Il est temps de passer à l’action afin de bâtir un avenir meilleur pour nos enfants !
L’argent et la puissance des lobbies de l’industrie chimique ne devraient pas peser dans la balance quand il est question de l’environnement, et de notre santé !
Ce qu’ils proposent, ce sont des bénéfices à court terme, pour une toute petite partie de la population.
Ce que NOUS voulons, c’est la garantie que les générations futures pourront vivre et cultiver sur des terres riches et saines !
Pour interdire le glyphosate, c’est maintenant que tout se joue !
Si le calendrier est respecté, au mois de juillet 2023 l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) fera enfin connaître son évaluation des risques liés à l’usage du Glyphosate par les agriculteurs européens13.
Durant ces prochaines semaines, nous DEVONS mettre les bouchées doubles et nous assurer que cet été sonnera la fin des festivités pour l’industrie agro-chimique !
Nous ne devons rien laisser à la chance !
Nous demandons à nos représentants :
- De faire entendre notre voix, comme ils s’y sont engagés, et de se prononcer en faveur d’une sortie du glyphosate.
- De tenir compte des questions environnementales et de la biodiversité dans la prise de décision.
- La mise en place d'un calendrier de suppression du glyphosate immuable, sans plus aucun report, pour que l'interdiction prenne place dès janvier 2024.
Pour votre santé, pour nos enfants, pour notre sol, pour notre terre commune... Agissons ensemble, signez la pétition, et mettons un terme à l’utilisation du glyphosate dans nos campagnes.
aEtienne Monin, L'Anses lance la procédure de retrait du marché du S-métolachlore, l'un des pesticides les plus utilisés en France, France Info, 15/02/2023.
bInterdiction actée pour un herbicide surutilisé, Reporterre, 16/02/2023.
cGuillaume LE DU, Le glyphosate obtient un sursis d’un an en Europe, Ouest France, 06/12/2023.
dNéonicotinoïdes : la France n’autorisera plus l’usage du pesticide dans les champs de betteraves sucrières, Le Monde, 23/01/2023
1Guillaume LE DU., Le glyphosate obtient un sursis d’un an en Europe, Ouest France, 15 décembre 2023.
2Pesticides. Le glyphosate autorisé un an de plus en Europe, Courrier international, 16 novembre 2022.
3ibid.
4La bataille autour de la réautorisation du glyphosate en Europe est rouverte, 11 mai 2022.
5IARC Monograph on Glyphosate, International Agency for Research on Cancer, 2022.
6Guillaume LE DU., Le glyphosate obtient un sursis d’un an en Europe, Ouest France, 15 décembre 2023.
7Noureddine Benkeblia, Impacts du glyphosate sur la santé et l’environnement, ce que dit la science, La tribune, 16 août 2017.
8Faune & flore : quels impacts des pesticides sur ces espèces ?, Générations futures, 13 avril 2017.
9Stéphane Mandard, Pesticides dans l’air : 32 substances identifiées comme « prioritaires », Le Monde.
10Le glyphosate : Ecotoxicologie, Controverses, MINES Paris, 2018.
11Noureddine Benkeblia, Impacts du glyphosate sur la santé et l’environnement, ce que dit la science, La tribune, 16 août 2017.
12ibid.
13Pesticides. Le glyphosate autorisé un an de plus en Europe, Courrier international, 16 novembre 2022.
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