Non, les étudiants en santé ne deviendront pas des donneurs de mort !

Destinataire(s) : Etudiants en santé
Non, les étudiants en santé ne deviendront pas des donneurs de mort !

Etudiants en santé, futurs infirmiers, pharmaciens, kinésithérapeutes, sage-femmes, orthophonistes, psychologues, psychomotriciens, aides-soignants, et médecins, nous sommes tous personnellement touchés par le projet de loi sur la fin de vie.


Que contient ce projet, discuté en commission spéciale le 17 mai dernier ? 


Le texte présente les dispositions sur « l’aide à mourir ». Celle-ci concerne les patients majeurs, « apte[s] à manifester [leur] volonté de façon libre et éclairée ». Les patients sont atteints d’une pathologie grave et incurable « en phase avancée ou terminale » (le pronostic vital n’est plus mentionné), ayant des souffrances physiques ou psychologiques soit réfractaires aux traitements soit insupportables lorsque la personne ne reçoit pas ou a choisi d’arrêter de recevoir des traitements. Ils pourront ainsi se voir prescrire un produit létal à absorber seul, ou, si leur état physique ne leur permet pas d’accomplir ce geste, avec l’assistance d’un membre du corps médical ou d’un proche.


Qu’est ce qui est déjà possible en France ? Quels changements cette loi apporterait-elle ? 


Actuellement, il est possible de mettre en place une sédation transitoire lorsque la douleur d’un patient est jugée insupportable. Il est alors endormi pour ne plus souffrir. Dans ce cas, il peut être réveillé, par exemple lors des visites de sa famille. Il est aussi possible de décider de l’arrêt de l’hydratation et de l’alimentation d’un patient, ou de l’arrêt ou la limitation des médicaments. Enfin, depuis la loi Claeys-Leonetti de 2016, une « sédation profonde et continue jusqu’au décès » peut être mise en place. Cela signifie diminuer la conscience du patient pour qu’il ne ressente plus la douleur, et ce jusqu’à son décès - qui n’est cependant pas voulu - ; la mort est ainsi due à l’évolution naturelle de la maladie. Les patients ne meurent donc pas en France dans d’atroces souffrances.


Ce projet de loi introduit la possibilité d’administrer un produit mortel. Il ne s’agit donc plus de lutter contre l’acharnement thérapeutique, ou de « débrancher un patient » dépendant de machines ; cela est déjà possible.

Il s’agit de donner un poison au patient.


Pourquoi ce projet de loi refuse d’utiliser le terme de suicide ?


Parce que ce mot dit de manière trop violente la vérité. Or, si les hommes politiques ou les médias peuvent se cacher derrière ce terme, les soignants n’ont pas ce luxe. Les hommes politiques ne voient pas ce que nous voyons au quotidien : nos patients, leur visage, leurs yeux… Pourtant, c’est nous qui devrons donner la mort et trouver le corps froid du patient.

De plus, la Haute Autorité de Santé sera chargée d’évaluer les substances létales. N’est-ce pas en contradiction évidente avec sa mission : « La HAS a pour rôle de mesurer et d’améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients dans les établissements de santé » (cf https://www.has-sante.fr/jcms/c_1002212/fr/missions-de-la-has) ? Les pharmaciens, qui devront délivrer le produit, ne bénéficieront pas d’une clause de conscience.


Cette aide à mourir, c’est définitivement la fin de la médecine hippocratique, du « primum non nocere ». Nous sommes des étudiants qui avons chacun choisi de donner notre vie pour combattre la maladie et aider nos patients. Il est donc impensable que l’on nous demande de les « aider à mourir ». Cela entre en contradiction profonde avec la raison d’être de notre future profession, ce pourquoi nous l’avons choisie.

Si nous avons choisi de travailler dans le soin, c’est bien pour nous occuper des plus vulnérables, en faisant de notre mieux pour améliorer leur qualité de vie, et ce jusqu’à son terme « naturel ». Notre vocation ne sera jamais de donner la mort. Auront-ils confiance dans notre dévouement sans faille pour les guérir alors que nous leur proposons avec la même sincérité la mort ?


Pourtant le projet de loi ne nous laisse plus le choix en créant un délit d’entrave à « l’aide active à mourir » :

« Est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur l’aide à mourir par tout moyen […] »


Ne devrions-nous pas plutôt entendre l’appel à l’aide de nos patients qui nous disent que la vie leur est pénible, qu’ils souffrent trop ? Prendre le temps de les écouter et prendre soin d’eux ? Nos patients, fatigués et bien trop souvent seuls, ont peur de mourir. Ils comptent sur nous, et nous ne pouvons pas les abandonner.


Oui, nous ne souhaitons pas qu’ils souffrent et c’est pour cela que nous passons autant de temps à étudier, non seulement pour rechercher de nouveau traitements, mais aussi pour apprendre à nous occuper d’eux au mieux, et que nous nous engageons à rechercher de nouvelles manières d’accompagner et de prendre soin.


Nous sommes opposés comme tous les citoyens français, à la souffrance, et nous voulons que tous puissent avoir accès aux soins palliatifs et d’accompagnement. La mort ne peut en aucun cas constituer ni un soin ni un remède à la souffrance.  


Nous, étudiants en santé, jeunes citoyens de France, prêts à donner notre vie pour soigner les plus faibles, demandons fermement à Monsieur le Président de s’opposer à ce projet de loi, et à Messieurs les sénateurs et les députés, de voter contre ce projet, et de s’engager à développer l’unique solution empreinte d’humanité : les soins palliatifs.

Auteur : Des étudiants en santé (contact : 1nonocere@gmail.com)

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