Impossible de la louper, la couleur rose est partout ces dernières semaines !

Voilà près de 30 ans que le mois d’octobre est synonyme de dépistage du cancer du sein, porté par l’immense opération marketing de santé publique Octobre rose. 

Sur les devantures des magasins, dans les journaux, à la télévision, le nœud rose est omniprésent…

Même la tour Eiffel se pare de rose !

Rubans roses et représentations de poitrines se déclinent également dans de nombreux produits de consommation, des articles de mode aux pâtisseries du dimanche.

Octobre rose est devenu une période de vente plus qu’intéressante pour les marques partenaires, à la manière d’Halloween ou de Noël !

Pour autant… on ne parle pas ici de traditions festives mais bien de santé publique !

Et quant à essayer de retracer tous les dons qui ont été réalisés, c’est peine perdue !

Où vont les bénéfices ?

Les dons ne sont pas centralisés et c’est bien là tout le problème ![1]

Il y a l’association originelle, Le cancer du sein, parlons-en, mais aussi La Ligue contre le cancer et beaucoup d’autres partenaires plus ou moins sérieux.

Au point qu’aucun bilan financier n’a jamais été dressé[2] !

En fait, c’est très simple, n’importe qui peut créer une action « Octobre rose » !

Alors oui, c’est très bien, cela permet aux chercheurs de se concentrer sur ce qu’ils font de mieux et ne plus de perdre de temps à chercher des financements[3] …

… mais quand seulement une participation de 4 % est effectivement reversée aux associations (par exemple 10 euros pour l’achat d’un fer à lisser qui en coûte 229)[4]…

… quand la marque promet de reverser 100% de ses bénéfices, en précisant néanmoins entre parenthèses qu’elle s’arrêtera au bout d’une certaine somme (par exemple un palier de 5000 euros)[5] …

… quand les produits joliment décorés d’un nœud rose sont en réalité des cancérigènes en puissance (à l’exemple de certaines compagnies d’essence, de fast food ou de cosmétiques)[6],[7] …

La santé des femmes n’est pas un produit marketing. Il est grand temps de savoir où va vraiment tout l’argent récolté grâce aux dons ! !

Même La Ligue contre le cancer hausse le ton depuis quelques années et déplore ces pratiques[8],[9] .

Un lien étroit avec le marketing

Dès ses débuts en 1994, Octobre rose a entretenu un lien particulier avec les marques.

À l’origine, il s’agit de la transposition française de la campagne de marketing internationale d’Estée Lauder, National Breast Cancer Awareness Month, lancée aux Etats-Unis en 1985[10].

Depuis, le message est toujours resté le même : inciter les femmes de plus de cinquante ans à aller se faire dépister un éventuel cancer du sein, tous les deux ans, par mammographie.

Malheureusement cette campagne de santé publique semble être devenue le prétexte idéal pour que de nombreuses marques[11],[12],[13],[14] se fassent un joli chiffre d’affaires sur le dos des malades.

Je ne parle évidemment pas ici des dons versés auprès d’institutions sérieuses, comme L’association Ruban rose, La Ligue contre le cancer ou encore La Fondation ARC dont le sérieux et l’investissement pour cette cause n’est plus à démontrer.

Mais bien des multiples articles de consommation qui vont soudainement se parer de rose à l’arrivée du mois d’octobre, sans pour autant qu’un seul centime soit reversé en faveur de la recherche.

Cette arnaque porte même un nom : le pinkwashing.

On vous invite à participer à une course caritative, à acheter une rose, un gâteau…

Mais en quoi est-ce que tout cela aide les malades ?

Cette profusion écœurante de rose ajoute une pression supplémentaire sur les épaules des femmes en bonne santé qui se voient pousser à faire ce dépistage, sans qu’elles soient réellement informées de la situation ni des risques qu’elles encourent.

Octobre rose : une désinformation camouflée derrière un message simpliste

Car au final, à quoi ça sert de se faire dépister ?

Depuis quelques années, de nombreuses études (bien évidemment ignorées par les médias et les autorités) se multiplient pour démontrer que l’utilité d’un tel contrôle n’est pas toujours nécessaire.

L’examen en lui-même peut parfois être pénible et douloureux à supporter pour les patientes.

De plus, le dépistage est généralement tout sauf agréable et reste souvent un mauvais souvenir dans la mémoire de nombreuses femmes… 

Mais, plus essentiel encore, c’est la fiabilité des tests que certaines recherches viennent pointer du doigt !

En effet, Octobre rose se garde bien de mentionner la quantité alarmante de faux-négatifs et de faux-positifs générés lors de la mammographie.[15]

Ces erreurs impliquent souvent des interventions inutiles, invasives et lourdes en conséquence, tant physiquement que psychologiquement.

Plus on cherche, plus on trouve

Octobre rose se targue que la mammographie permet de dépister davantage de cancers précoces…

Mais à mon sens, les « bons » résultats de la mammographie seraient uniquement dus au grand nombre de dépistages réalisés.

A force de multiplier les contrôles, les médecins finissent effectivement par trouver davantage de cancers… mais pour quels résultats ?

A la suite d’autopsies, il a été démontré qu’un nombre considérable de femmes vivaient en portant en elles un cancer, sans pour autant que cela porte préjudice à leur santé (ce n’était pas la cause de leur décès).

Car un cancer peut simplement être endormi et vous laisser en paix toute votre vie sans dégénérer en tumeur mortelle !

De plus, des études ont conclu que pratiquer une mammographie tous les deux ans ne réduirait ni la mortalité, ni l'évolution des cancers en formes plus graves.

Des recherches ont été menées auprès de femmes scandinaves.[16]

Parmi elles, certaines étaient dépistées tous les 2 ans pendant 10 ans et d’autres non.

Au final, les résultats de cette étude ont montré que le dépistage ne diminuerait pas le nombre total de morts toutes causes confondues !

Pire encore, on risque de vous convaincre de vous lancer dans des interventions lourdes et inutiles, sans vous laisser le temps de peser le pour et le contre.

Comprenez-moi bien, il ne s’agit pas de dissuader qui que ce soit de se faire dépister mais d’être correctement informé des limites de cet examen.

De l’information plutôt qu’une rose !

Plutôt que des produits dérivés, marqués d’un nœud rose, ne serait-il pas temps de proposer aux femmes (et aux hommes aussi d’ailleurs) une information de qualité sur le cancer du sein et la mammographie ?

Ne serait-il pas temps d’utiliser l’argent récolté durant cette période de l’année pour faire avancer la recherche et la prévention plutôt que de s’acheter une conscience ?

Il est plus que nécessaire de stopper cette folie de pinkwashing et de revenir à l’essentiel.

Notre santé n’est pas un produit marketing, qui peut être vendu et exploité.

Il y a des personnes, des histoires de vie, des tragédies, des morts parfois derrière ce fameux nœud rose utilisé à tort et à travers.

Demandons aux pouvoirs publics d’unifier les actions Octobre rose une bonne fois pour toute et que cette campagne soit enfin utilisée à bon escient !

• Nous voulons une information complète et transparente sur la réalité du cancer du sein, qui nous permette de continuer à faire des choix éclairés sur notre santé, plutôt qu’un message simpliste, vidé de sens.
• Nous voulons des actions concrètes pour prévenir plutôt que guérir.
• Nous voulons de la transparence, que les dons soient centralisés et qu’un bilan financier soit instauré. 
• Enfin, nous voulons mettre fin au pinkwashing dégradant, qui a lieu durant toute cette période.
• Nous voulons une communication transparente sur les limites du dépistage du cancer du sein.